Généralités
Les rapports entre aikido et médecine sont
très variés mais restent toujours étroits. Si l'on observe
notre pratique :
1) Nous apprenons à contrôler notre respiration
dès le début du cours dans la phase de préparation
et à travers les techniques, et particulièrement à travers
les KOKYU (KO = expirer KYU = inspirer). Cette respiration
profonde stimule la circulation énergétique et sanguine,
et ce, dans certains muscles profonds trop souvent inemployés
en temps normal.
2) Une pratique régulière apporte une amélioration
de la souplesse des articulations et de la colonne vertébrale.
Il est à rappeller que certains médecins appellent la colonne
vertébrale "l'arbre de vie".
3) La pratique de l'aïkido nous apporte
la coordination gestuelle et la perception de notre corps
dans 1'espace. Ceci est très important car cela permet de
préserver notre corps des traumatismes et du vieillissement
prématuré. (De là à dire que l'aïkido empêche de vieillir
!).
- traumatismes
: Chacun sait qu'il n'y a pas de coup porté en aïkido,
contrairement au karaté ou à la boxe par exemple. Il n'y
a pas arrêt mais souvent déviation avec des effets centripètes
ou centrifuges.Il n'y a pas chute brutale, mais chute
arrondie, "voulue" et "non subie".
- vieillissement : raideur des articulations et fragilité
des os, des tendons. L'aïkido retarde le plus longtemps
possible cette raideur.
4) La pratique de l'aïkido apporte enfin
une force mentale par le biais de ce fameux KI vers le HARA
et à partir du HARA. Cette force vitale très difficile à
localiser et à maitriser est indispensable à une bonne pratique
de l'aïkido surtout à haut niveau. De plus, mentalement,
l'aïkido est un sport sain. On ne cherche pas la destruction
de 1'autre (comme la self-defense), ni la division, mais
1'union. On dira que 1'aikidoka doit avoir une pensée positive
dans sa tête, et non négative
Aspects physiologiques bénéfiques
1) L'aïkido fait travailler de très nombreux
groupes musculaires (il y en a 500 dans le corps humain,
et ils représentent la moitié du poids du corps humain),
avec un équilibre droite/gauche quasiment parfait.
a) Tronc :
Par un perpétuel changement de posture et une recherche
d'assise permanente, 1'aikidoka peut être assimilé à une
pyramide pendant les phases de repos et à une toupie pendant
les phases d'action.
b) La ceinture scapulaire et les membres
supérieurs :
Le travail musculaire des membres supérieurs se fait surtout
par extension avec 1'image type du sabre que l'on élève
suivi d'un abaissement actif. Mais également toutes les
extensions déclenchées par la technique de l'adversaire
(penser à SHIHO NAGE).
c) La ceinture pelvienne et les membres
inférieurs :
Par les fréquents changements de niveau (debout - sol)
et le déplacement à genoux typique de 1'aikido
(SHIKKO). Il y a également le retour à la position debout
avec les "extenseurs" de la hanche (grand fessier et ischio-jambier),
du genou (quadriceps crural) et les "fléchisseurs" du
pied (triceps sural).
2) L'aïkido fait travailler les métabolismes
énergétiques et cardio-vasculaires (3 exemples)
a) La VO2max (volume d'air circulant
dans le corps, en millilitre/minute/Kg de masse) : Après
trois ans de pratique avec un entraînement de deux séances
par semaine (deux fois 1 h 30), la VO2 max est chez I'aïkidoka
de 52 ml/mn/Kg. La valeur moyenne de la population française
se situe entre 35 et 45 ml/mn/Kg.
b) La fréquence cardiaque
- Lors d'un cours standard pour
pratiquants moyens, les fréquences oscillent entre 120
et 150 battements /minute.
- Lors d'un stage intensif, la fréquence
est de 161 battements /minute. L'aïkidoka est à 83 % de
la fréquence cardiaque maximale théorique (la fréquence
cardiaque maximale = 220 - âge). La
fréquence cardiaque au repos est de 75 battements /minute.
c) La force. C'est délicat à quantifier
mais elle s'exprime par 1'utilisation optimale de qualités
énergétiques disponibles en accord avec une respiration
adéquate.
3) L'aïkido a une incidence favorable sur
le psychisme : la situation "exotique" de sa pratique (habillement,
terminologie, lieu, rituel) provoque une coupure franche
par rapport à la vie quotidienne. Beaucoup y trouvent un
exutoire aux stress quotidiens et considèrent que la pratique
régulière apporte un nouvel équilibre psychologique.
Les contre-indications
Comme pour toute activité sportive, il y
a des contre-indications absolues (ex : cardiomyopathie,
anévrisme, insuffisance respiratoire majeure ...), et certaines
affections prêtant a discussion, telles que:
1) L'asthme L'asthme pose problème dans
les sports où il y a des périodes d'apnée pouvant déclencher
des crises. Cette situation ne se retrouve pas en aikido
ou très peu. Il reste le problème des tapis empoussiérés.
2) L'hypertension artérielle Des mesures
montrent qu'une pratique intensive de l'aïkido ne provoque
pas d'élévation importante de la pression artérielle surtout
par la diastolique (de 12,50/7,85 on monte à 14,5/8).
3) La spasmophilie Des pratiquants ont arrêté
l'entraîmement par spasmophilie, mais rien ne le justifie
sur le plan médical. Ce fait se retrouve surtout
chez les femmes jeunes et débutantes, peu motivées et qui
se laissent facilement décourager.
4) Les problèmes rachidiens : tassements
discaux, lombalgies, cervicalgies, sciatiques etc. Le travail
en charge en aikido est rare. De plus, on peut compenser
par des chutes en souplesse et sans projection. Des pratiquants
ont signalé la disparition de leurs douleurs en découvrant
un nouveau mode de travail et en corrigeant leurs positions.
5) Le diabète Contre-indication à la boxe
et au karaté car liés aux risques oculaires, mais
non à l'aïkido car il n'y a pas de coup porté aux
yeux.
6) L'épilepsie: comme pour tous les sports,
il faut éviter les coups violents qui déclenchent les crises.
En aïkido, il faut faire des chutes amorties. De plus l'épileptique
est dans un environnement favorable (tapis et pas d'obstacle).
L'aïkido, une discipline idéale?
Bien sûr, cette question est sans appel
si on interroge la plupart des anciens pratiquants. Il faut
modérer ce propos en disant que bien entendu il y a des
accidents traumatiques (voir enquêtes de 1984 sur 200 pratiquants),
mais pour la médecine, les contre-indications sont limitées;
l'âge moyen du pratiquant est élevé par rapport aux autres
arts martiaux et les avantages psychologiques de cette discipline
sont considérables avec une possibilité de s'améliorer jusqu'à
la fin de sa vie (Morihei UESHIBA a pratiqué jusqu'a 86
ans).