Nous reproduisons ci-dessous
un article paru en mai 2001 dans le numéro 15
de KI MUSUBI (journal du club d'Aïkido de Caluire)
:
VOYAGE A TOKYO - PRATIQUE
AU HOMBU DOJO
En Novembre 2000, l'Aïkikaï
de Lyon, club animé par Gérald Polat,
a organisé un voyage au Japon avec un groupe
de pratiquants. Ki Musubi s'est penché pour vous
sur les coulisses de ce pèlerinage
Gérald Polat : ce voyage
est l'aboutissement d'un projet qui avait été
lancé deux ans auparavant, suite à un
voyage sur place d'un de nos élèves. Le
projet était de permettre aux anciens du club
de se perfectionner, d'aller puiser à la source,
au Hombu Dojo, lieu où sont formés la
plupart des maîtres en Aïkido. Une semaine
c'est court, mais nous souhaitions néanmoins
ramener quelque chose qui puisse profiter à tous,
car tout le monde ne pouvait y aller. Il fallait que
cela serve à l'ensemble des pratiquants du club,
nous avons beaucoup insisté là-dessus.
KM : A combien êtes-vous
partis finalement ?
GP : Nous sommes partis à
13, avec des critères assez stricts, 3e kyu et
2 ans d'ancienneté minimum. Dans la mesure où
le club contribuait financièrement au voyage,
il fallait justifier de cette ancienneté.
KM : Quel budget faut-il prévoir?
GP : Nous sommes restés
7 jours et 7 nuits, ce qui donne à peu près
12 000 francs par personne. Un montant total de 140
000 francs sur lequel le club a financé 54 000
francs. Nous logions dans une
auberge traditionnelle. Nous dormions sur des futons
posés à même les tatamis. Tout était
préparé : outre la réservation
de l'auberge, nous avions prévenu le Hombu Dojo,
compte tenu de notre nombre.
KM : La barrière de la
langue ?
GP : Nous avons un élève
qui est marié à une japonaise et a vécu
deux ans à Kyoto, un autre qui parle aussi le
japonais, ce qui nous a considérablement aidé
dans la mesure où peu de japonais parlent l'anglais.
J'ai pu renouer avec un ancien ami qui a quitté
la France pour le Japon en 1977. Il vit à Tokyo
et s'entraîne au Hombu Dojo tous les jours depuis
23 ans. C'était un atout supplémentaire
qui nous a permis d'être présentés
au Doshu Moriteru UESHIBA et d'avoir des contacts privilégiés
avec des maîtres comme MIYAMOTO Sensei (7e dan)
et MASUDA Sensei (8e dan). Par correction nous avions
informé Maître TAMURA de notre départ,
même si sur place une introduction n'est pas indispensable.
Il suffit de payer les droits d'entrée.
KM : Niveau minimum 3e kyu, est-ce
suffisant ? Y a-t-il des différences de pratiques
?
GP : Il y a évidemment
de l'appréhension au départ et une certaine
émotion, même si la plupart d'entre nous
avait déjà pratiqué en stage avec
divers maîtres. Le rythme de pratique est plus
élevé mais tout le monde s'est adapté.
Tous nos cours d'une heure était dirigé
par des experts, 7, 8 ou 9e dan. De façon générale,
les japonais pratiquent de manière plus souple
que dans notre fédération, de façon
plus déliée, sans résistance. Par
contre, il est arrivé à certains de mes
élèves d'être sollicités
par des vétérans à la fin des cours,
et là
c'était moins évident.
Un point essentiel d'ordre pédagogique, c'est
que tous les maîtres viennent pratiquer avec vous
au moins une fois durant le cours. Le nombre restreint
de pratiquants, une quarantaine, le permet. Cela me
rappelait les stages avec Maître TAMURA dans les
années soixante
Certains maîtres
comme ENDO et YASUNO Sensei, exécutent systématiquement
la technique présentée sur chacun des
pratiquants, en formant des petits cercles d'une dizaine
de personnes. Cela permet de voir de très près
une même technique sur différents uke.
C'est une méthode d'enseignement que j'essaie
d'appliquer.
KM : As-tu ramené d'autres
principes dans tes bagages, des techniques secrètes
?
GP : Des techniques secrètes
pas vraiment, car les techniques sont classiques, seuls
diffèrent les styles. Certains maîtres
enchaînent instinctivement des mouvements, en
fontion des réactions d'uke; une certaine liberté
donc, conforme à l'essence de l'Aïki. Le
fait en particulier aussi de ne pas sentir l'utilisation
de la force
c'est une sensation que j'avais déjà
rencontrée et que j'ai retrouvée de manière
très nette auprès de maître TADA.
Notamment sur des techniques comme kote gaeshi, on est
projeté sans avoir rien senti.
KM : A quand le prochain voyage
au Japon ?
GP : C'est vrai que l'on a tous
un peu la nostalgie de ce voyage. Mais il y a une contrainte
financière. On pourrait envisager de repartir
en groupe dans les mêmes conditions mais il faut
que le club renfloue ses caisses ! On verra d'ici deux
ou trois ans.
Propos recueillis par Romain LAMBERET
|